LE COURRIER PICARD

20/01/2019 09:03
« Pour nous qui vivons dans le pays des droits de l’Homme, dans une société libre plus ou moins préservée, ce recueil invite à prendre conscience  des écarts d’existence qui séparent les pays, les continents, les humains tout simplement» explique l’auteure.
« Pour nous qui vivons dans le pays des droits de l’Homme, dans une société libre plus ou moins préservée, ce recueil invite à prendre conscience des écarts d’existence qui séparent les pays, les continents, les humains tout simplement» explique l’auteure.

C’est son douzième ouvrage. Mais l’émotion est toujours là, intacte. Assia-Printemps Gibirila le couve du regard, en caresse les pages. « Il a fini d’être imprimé fin décembre, explique l’écrivaine installée à Mouy depuis 2010. C’est le premier que j’auto édite. Je le voyais comme un bébé ; je voulais m’en occuper du début à la fin. »

Sur la couverture, un masque africain, comme souvent. « Parce que je veux qu’on sache tout de suite de quelle origine est l’auteur qui l’a écrit ». Plutôt des origines pour Assia-Printemps, née à Bordeaux en 1958 d’un père béninois et d’une mère moitié vietnamienne, moitié congolaise. « Mon père était un scientifique touche-à-tout ; il aimait lire et écrivait des poèmes. Ma mère, elle, adorait nous raconter des histoires. Je crois que je suis à mi-chemin entre les deux. »

Dernière d’une fratrie de six, Assia-Printemps suivra ses parents quand ils décideront de retourner en Afrique. « C’était une époque compliquée. En France, on nous faisait sentir que nous n’étions pas chez nous et, en Afrique, que nous étions des étrangers… Mon père avait obtenu un poste important ; nous vivions en ville, avec des domestiques… »

Poussée dans la voie de l’excellence par ses parents, « il fallait être très bon à l’école », elle se lance dans des études de géographie, après le bac. Elle ne quittera l’Afrique qu’à la fin de sa licence pour rejoindre ses frères et sœurs, qui ont déjà regagné la France. « J’avais envie d’échapper au cocon familial. »

Mais son diplôme n’est, en France, pas valable. « J’étais perdue » évoque Assia-Printemps, qui enchaîne alors les petits boulots : femme de ménage, démonstratrice de bijoux… Mais c’est une fois devenue dactylo qu’elle fait connaissance avec le monde de la publicité. Elle y fera carrière avant un nouveau virage, à 180º : elle est aujourd’hui assistante sociale depuis 20 ans.

Ses débuts dans l’écriture sont plus difficiles à dater, « car j’ai toujours plus ou moins écrit. Un médecin pour qui j’écrivais des rapports me demandait de les dédicacer car il trouvait que j’avais une écriture très imagée, très vivante »sourit-elle. Mais c’est à l’occasion d’une maladie qui l’oblige à rester un an et demi chez elle, qu’elle prend réellement la plume pour la première fois. « J’ai pris des cours pour perfectionner mon écriture et j’ai sorti mon premier livre en 2009. »

Une dizaine d’autres ont donc suivi (ainsi que cinq ouvrages écrits avec des groupes d’auteurs) avant Kala ou le poids du secret et autres tranches de vie, son tout dernier.

« Je choisis toujours le thème de mes livres en fonction de l’actualité, de ce qui m’émeut… Je voulais d’ailleurs être journaliste ! Mes mots, aujourd’hui, remplacent une caméra. J’ai envie d’être plus qu’une romancière ; je veux que mes livres servent à dénoncer ou à apporter quelque chose. » Des récits qu’elle aime colorer à la manière des auteurs africains, tout en adoptant une écriture simple, à la portée de tous.

 SYLVIE MOLINES

 

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La liberté, fil conducteur de « Kala ou le poids du secret »

Après Elles en 2013 et ses récits autour de la condition des femmes, les onze nouvelles de Kala ou le poids du secret et autres tranches de vie ont comme fils conducteur la liberté. Elles parlent de l’homosexualité, de la guerre en république démocratique du Congo, de la maladie d’Alzheimer, de la prostitution dans les hôtels, du mariage forcé, de la Syrie… «  Ce livre peut être lu comme un reportage, explique Assia-Printemps Gibirila. Trop de facteurs politiques, sociaux, humains entravent encore aujourd’hui nos libertés. » Assia-Printemps en est venue à bout en six mois seulement. « Quand j’écris, c’est du non-stop. Je me lève même la nuit pour le faire ; l’envie est plus forte que tout. » En vente auprès de l’auteure, il sera également à découvrir lors de salons. Tarif : 16,50 euros. Contact : assia.gibirila@sfr.fr

Auteure et conférencière

Assia-Printemps Gibirila participe régulièrement à des conférences où elle évoque des thèmes d’actualité qui lui sont chers et que l’on retrouve dans ses opus : les femmes, leurs droits, la problématique des enfants soldats, la guerre, les migrants, l’esclavage… En 2014, elle a été invitée en Guyane pour faire des conférences sur le droit des femmes et dédicacer Elles dans le cadre de la journée internationale du droit de la femme. En 2016, au salon Livre Paris, Brazzaville et Pointe-Noire ayant été les villes à l’honneur, elle a fait partie de la délégation officielle des auteurs Congolais. En 2017, elle a fait des dédicaces sur différents salons : Paris, Lille-Bondues, Saint-Cyr-sur-Loire, Somain, Douai… L’année 2018 a débuté par le salon international du Livre des femmes à La Rochelle, puis celui des auteurs indépendants à Creil et une journée de dédicaces à Livre Paris sur le stand Lettres d’Afrique. On pouvait encore voir Assia-Printemps Gibirila dans plusieurs salons entre l’Oise (Saint-Maximin, Montataire, Chevrières), le Nord et la Bretagne.