ARTICLE LE COURRIER PICARD

05/01/2015 00:00

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MOUY Écrire pour sensibiliser à l’albinisme

PUBLIÉ LE 

Clémence Leleu

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  • La déficience génétique de mélamine produit des albinos. Dans ce recueil de nouvelles, « Sirène des sables », rédigé par 11 auteures congolaises, la maladie taboue est évoquée.

Assia Gibirila 
: «

J’ai vécu au Congo de mes 11 à mes 22 ans et évidemment la sorcellerie est très présente dans notre culture.»

Dans chacun des ouvrages d’Assia Gibirila, l’Afrique n’est jamais bien loin. Comme si noircir les pages lui permettait de se reconnecter avec ses racines. Sirène des sables, son dernier et sixième livre ne déroge pas à la règle mais a pourtant ceci d’original qu’il a été écrit à 22 mains.

Sirène des sables est un recueil de nouvelles, né sous l’impulsion de trois auteures, Marie-Léontine Tsibinda, Marie-Françoise Moulady Ibovi et Pénélope-Natacha Mavoungou-Pemba réunissant donc 11 plumes congolaises.

 

Le thème : la sorcellerie

L’idée ? Écrire ensemble des nouvelles, peu importe leurs formes. N’existaient que deux exigences, le thème : la sorcellerie et le temps imparti pour l’écriture, 6 petits mois. «  C’est un projet vraiment ambitieux car nous ne nous connaissions pas ou du moins pour la plupart que de réputation. Cet ouvrage est une réelle opportunité de positionner plus fortement la femme congolaise dans la littérature africaine » explique Assia Gibirila.

Écrire à plusieurs mains sur un thème imposé aurait pu être un frein à l’écriture mais il n’en fut rien pour cette habitante de Mouy. «  La sorcellerie est un sujet très sensible. C’est intéressant de voir comment nous l’avons toutes traité de manière différente, il y a même une auteure qui a dessiné une petite BD. Chacun a pu y faire passer le message qu’elle souhaitait. »

 

Sensibiliser à l’albinisme

Pour Assia, ce sera l’albinisme. «  En Afrique, les personnes albinos, on ne les voit pas. C’est un sujet tabou. Ils sont considérés comme des sorciers et pointés du doigt. Il arrive même qu’on les tue afin de récuperer leurs os pour en faire des grigris  » confie l’auteure. « Albina Kitoko  », traduisez «  La jolie albinos  » est donc une nouvelle contant l’histoire d’un couple attendant un enfant, qui s’avérera être touché par cette particularité génétique. Pour écrire cette nouvelle, elle a puisé l’inspiration dans son quotidien. «  J’ai une amie qui a monté une association au Burkina-Faso qui est en charge de l’insertion dans la société des albinos alors évidemment cela m’a inspiré. » Mais Assia Gibirila a également puisé dans ses souvenirs adolescents, lorsqu’elle vivait en Afrique, «  J’ai vécu au Congo de mes 11 à mes 22 ans et évidemment la sorcellerie est très présente dans notre culture. Ma mère me racontait des histoires de sorcier. Et puis il y a des choses que je ne fais pas, même encore aujourd’hui. Oui, la sorcellerie, je la crains un peu » confie la Mouysarde.

Après le temps de l’écriture vient celui de la relecture, un travail fait là encore en commun et grandement facilité par internet. «  Tout s’est fait sur le net, nous commentions les textes des unes et des autres. Nous avons décidé de l’ordre des nouvelles. C’était un fonctionnement totalement inédit. »

Un fonctionnement inédit qui semble les avoir toutes convaincues. Les onze auteures ont d’ores et déjà prévu d’écrire un nouvel ouvrage ensemble. Ne reste plus qu’à se mettre d’accord sur le thème. Gageons déjà qu’un petit air d’Afrique flottera entre les lignes d’Assia Gibirila.