EXTRAITS DE LIVRES

 

"BALADE DE LA DERNIERE OU JAZZY WEATHER"

adieu

Les entends-tu
Venant des tréfonds des ans
Ces chants de désespoir 
Que hurlent ces pauvres noirs
Alors que leurs corps se raidissent
Et que leurs  âmes se refroidissent
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
Le ciel bleu s'est obscurci
Ils marchent sans merci
Hommes, femmes, enfants,
Ils déambulent à pas lents
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
Le vieux est tombé
Interdit de le ramasser
Mort libre mais enchaîné
Nous avons tous pleuré
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
Alors se sont abattus
Sur nos corps musclés, nus
Chicottes fouets cinglants
Tenus par des hommes blancs
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
Nous poussant vers l'enfer
Faisant cliqueter nos fers
Il n'y avait plus d'espoir
Tout nous semblait si noir
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
 Ainsi est née notre musique 
de contestation, de libération
Des notes riches et uniques
Qui parlent de nos larmes
Qui sont comme des armes
Fofo, Dada
Odabo Ouidah
Jazze la vie
Jazze ma vie
Raconte l'histoire de nos ancêtres
En musique , en voix de chaque être !
 
poème d'introduction de 
"BALADE DE LA DERNIERE ou JAZZY WEATHER "
 
 
MISSION SOLEIL 

femmes - guerres - conflits - afrique -
 
"Cela fait combien de temps que je suis là... une heure... un jour... je ne sais plus, je ne sais pas. Il semble que j'ai perdu connaissance. Ma jambe droite me fait horriblement souffrir. Mais en fait, tout mon corps n'est qu'une douleur insensée. Je suis dans une clairière où gisent, de-ci, de-là, des corps. Certains, tentent de s'extirper de cette marée boueuse et humaine. Etrangement, le ciel est d'un bleu carte postale. La lumière est quasi irréelle.
Instinct de survie... je cherche dans mon esprit embrouillé les plus doux, les plus jeureux de ma vie. Est-ce le jour où mes parents m'ont offert cette bicyclette rutilante. J'ai disparu un après-midi entier. Je ne suis rentrée qu'à la tombée de la nuit. Les joues brûlantes d'émotion et de joie. Papa et Maman étaient inquiets, peut-être même en colère. Mais la candeur de mes parolesa tout effacé. Nous avons dîné sur la veranda en regardant les étoiles. Nous nous sommes amusés à les nommer une à une. J'ai vu une étoile filante et j'ai fait un voeu. Maman était enceinte, son ventre commençait à s'arrondir."
 
"- Il est vivant.
Ces trois mots ont sonné dans ma tête comme les cloches de l'église pour annoncer un mariage. J'étais heureuse. C'était comme un baume apaisant venant panser mes plaies intérieures. Ces moments-là ont été entrecoupés de pauses, de nuits enroulées dans un duvet pas assez chaud, de larmes de désespoir, de révoltes sournoises  telles un volcan  prêt à deverser sa lave brûlante, de mille mots indicibles...
Puis, un soir Compagnon sourit, cela aussi lui semblait lui avoir été retiré ..."
 
 
" La guerre n'a ni âge, ni temps, ni loi, ni patrie... elle est, tout simplement. Nous nous devons de la combattre pour ne pas qu'elle poursuive sa coursedésastreuse et se répande comme l lèpre en rongeant nos âmes"
 
 
 
 
 
 

CES RENCONTRES FORTUITES !

 

Encore une fois il se réveilla seul. Depuis combien de mois, d’années, sa vie était sans couleur. Ce sentiment lui était encore pénible. Que faire ! La journée serait longue. La mise en place de la nouvelle campagne de publicité lui demandait énormément de travail, il avait du coup peu de disponibilité pour la bagatelle, enfin, vous voyez, les femmes quoi.

 

Il y avait bien cette jolie brunette, avec un charme fou et ses yeux de vipère. Cependant, il restait quelqu’un de relativement timide, cette franchise et cet aplomb féminins le déstabilisait. Elle le savait et en abusait. Elle adorait le faire rougir et le mettre mal à l’aise.

 D’un œil rapide, il consulta sa montre… il allait être en retard.

Le taxi espérait-il, devait-être en bas pour l’attendre, il irait directement prendre Pierre, puis par le périphérique extérieur, il gagnerait l’agence qui se trouvait en plein centre ville. Une rutilante voiture grise semblait s’impatienter devant la grande porte cochère rouge bordeaux. 

Un homme d’âge indéfinissable était au volant. Il avait un visage très mince, sa peau était légèrement basanée. Il semblait si peu à sa place, là. Il avait quelque chose de princier et en même temps très douloureux. Il me salua rapidement, nous échangeâmes quelques mots. La voiture partit en trombe, comme si elle avait, elle aussi, rendez-vous avec le destin.

 L’atmosphère était douce et légèrement parfumée. J’appréciais le silence de cet homme. Les notes de jazz faisaient  écho dans mon esprit fatigué. Quelle vie de con et de solitude, je menais. QUEL COMBAT ET POURQUOI ? Mes pensées s’envolèrent et je mis à penser à ma mère. Cette femme silencieuse et docile,  qui avait toute sa vie, été dans  l’ombre de mon père. Elle avait laissé tomber son travail de chercheur pour nous élever mes frères et moi.

 J’étais l’aîné, mon père avait mis tous ses espoirs en moi. Mais, à son grand désespoir, je n’avais pas repris la société familiale d’import-export. Puis, sur un coup de tête, j’avais tout « planté », fait mon sac, pris un billet d’avion et avait filé, sans rien dire. Je vivais ma vie dans un pays bien moins conventionnel que le mien. C’était bien, j’étais bien.  A cette époque, la seule chose qui m’intéressait, était m’amuser. Je passais tardivement une « bonne et franche crise d’adolescence ». Epicure guidait ma vie, je le lui rendais bien. Je vivais ma vie, comme s’il n’y avait plus jamais de lendemain. Pendant longtemps, j’ai vécu loin des miens, sans toit, ni loi. J’ai goûté à tout, les hommes, les femmes, les drogues en tous genres… j’ai même cru mourir tellement dans mes expériences chimiques ou alchimiques, mon cœur semblait sortir de mon corps pour vivre sagement dans un corps plus docile. La vie n’était qu’une vaste fête, sans limite, j’aimais cela. 

 

 

 
 
 
 

C’était une journée comme les autres. Il faisait beau et pourtant !

Personne ne sait, même pas moi, comment un jour, sans crier gare, je suis rentrée dans  la peau de cette femme. Aucun signe avant-coureur, sinon le sentiment de ne plus être moi, mais peut-être elle !

J’ai ressenti ses souffrances, ses angoisses, ses peurs. Je suis devenue elle. J’ai troqué ma peau et sa couleur pour la sienne. J’ai respiré son air, j’ai crié sa douleur. Etions nous deux dans un seul corps ?

 

Plus rien à faire, juste subir ce que le destin a décidé pour moi, pour elle, pour  nos êtres doubles. Je suis elle, voici Son histoire, donc la mienne.

Qui a volé l’identité,  la vie de l’autre, est-ce elle ou moi !

 

Est-ce jour-là, que tout a basculé ?

Le temps semblait avoir disparu, si celui-ci  existe encore !

Dans quel monde suis-je, s’il se nomme monde !

Une table est richement dressée, huit convives semblent être attendus. Allons-nous fêter quelque chose de particulier. Je suis sensible aux arts de la table, « fine gueule », j’adore les mélanges de saveurs qui se diffusent lentement dans le palais comme les grands crus des vignobles de renom.


Chacun un jour,  dans sa vie est amené à s’y asseoir. Chacun, un jour se
retrouve à partager ce menu exceptionnel qui déterminera votre sort et le
déroulement de votre vie.

Une fois que l'on est installé à cette table,  on voit forcément la vie de façon différente: c'est comme la traversée du désert, on n’est plus jamais le même.


 
 
 
EN AVANT LES FEMMES AUX GODILLOS 

 

Ce chant  né spontanément dans ces bouches en colère est devenu notre humble signe de ralliement. Il a été porté loin par le vent, a traversé les terres, puis les mers pour se poser, dans les continents, où, toutes les femmes qui avaient envie de parler, ce sont, elles aussi mises à marcher. Timidement. Craintivement…. Puis avec force et détermination.

Cette marche qui au départ n’était qu’une simple marche de revendication de quelques femmes en colère a pris une telle ampleur que, nous mêmes, ces femmes, les premières concernées étions dépassées. Aussi il était  à  présent impensable que ces lendemains ne soient pas annonciateurs d’un monde égalitaire.

 

Les hommes, même si pour la plupart ce sont les leurs,  même si ils  les aiment… sont eux aussi pris dans ce tourbillon de vie, coincés entre convictions, idéologies, avenir… et étaux sociaux.

 

 Il est tôt, très tôt … Elles marchent toutes en cadence… cette masse d’ombres décidées ressemblent à des esprits. Oui, esprits est le mot car les leurs sont bien faits emplis et remplis de revendications accumulées par leurs arrières grand-mères, grands-mères, mères en espérant que leurs filles n’aient plus besoin de se liguer pour réclamer et obtenir  leurs droits.

 

De mains en mains les bouteilles de café brûlant circulent… Il fait froid, humide … on est au début du mois de mars… cela fait des mois et des mois qu’elles préparent cette action. Cela représente une somme inconsidérable de nuits sans sommeil, de réunions, de petits sous  collectés mis bout à bout pour financer, tant bien que mal ce mouvement.

Celles qui marchent,  représentent toutes les femmes, même celles qui n’ont pu être là, mais qui de loin ou de près ont contribué à ce mouvement : symboliquement, elles sont TOUTES là…

 

Les barrières sociales, ethniques, tout a volé en éclat : à présent, ce sont juste DES FEMMES UNIES, SOUDEES par cette même volonté de tout  faire changer, préparer un avenir meilleur : celui de leurs enfants, mieux encore celui de leurs filles et de façon plus ambitieuse : le monde entier.

 

 
 
 

Ces « conversations » sont une compilation d’histoires courtes. On se promène entre réalité et rêve, séparés par une frontière ténue, l’autre ou l’autre soi. C’est aussi un va et vient entre le pays d’origine de l’Auteure et son pays d’adoption.

A mon père Bazou GIBIRILA, auteur du poème qui m’a inspiré ce conte.

LES PORTEUSES D’EAU :

Mon « pays » est appelé par tous les gens des villages alentour « le trou de dieu ». C’est une immense dépression où tous les miens sont installés depuis des millénaires, loin des turbulences et des méfaits de la ville.

Mais, il y a aussi tous les inconvénients et toutes les duretés liés à cette vie, très, voire trop, proche de la nature. Dans notre société, les tâches sont -  soit- disant -  également réparties entre hommes et femmes, enfin c’est ce qui se dit. Mais la réalité est bien loin d’être aussi simple.

Les hommes sont chargés de la chasse du gros gibier, de la pêche en mer, des constructions lourdes et de l’agriculture. Des rencontres sur les chaises à palabres qui leur permettent « officiellement » de boire impunément, plus que de raison, de l’alcool de maïs, que nous les femmes, élaborons pour faire fonctionner nos lampes…

 

 
 
 
 
 

ALBINA  KITOKO - Assia-Printemps GIBIRILA

 

Le  ventre de Likita commençait à bien s’arrondir. Elle avait la démarche d’une femme qui allait bientôt accoucher De plus, son goût pour les plats amers et les fruits acides trahissait un terme très proche.

 

Mariama, la voisine, prévoyait la naissance pour la fin du mois : cela lui avait été confirmé par les cauris qui étaient retombés d’une certaine façon, un peu comme une femme offerte. Selon cette interprétation, cela devrait être une fille en bonne santé, la délivrance, normalement, sans aucun souci. Cette simple information créait une grande liesse dans tout le village.

 

Likita était enceinte, mais nous attendions toutes avec impatience cette  naissance  tellement désirée. Son histoire avec les enfants, les bébés plus particulièrement,  était douloureuse, compliquée.

 

Le bébé précédent était joli, rebondi comme un manioc fraîchement cuisiné. Il était né à la pleine lune. Le cri de délivrance avait résonné dans toute la savane. Puis les tams-tams n’avaient cessé de divulguer la nouvelle jusqu’à la frontière. Face à la venue d’une âme naissante, les Chefs de village (pas toujours amis) partageaient  avec allégresse le vin de palme qui délie les langues et fait oublier tous les vieux conflits dont on finit par n’en plus connaître les origines.

 

Gao était beau, fort avec une voix à débusquer l’hyène qui sommeille dans les tréfonds de la brousse. Tous deux faisaient la fierté du village. On leur trouvait toutes les qualités. Le bonheur flottait chez nous comme un parfum enivrant auquel il est impossible de résister. Et pourquoi lutter, quelle pouvait en être la raison. Nous étions bien, juste heureux. La vie s’écoulait ainsi, comme cette rivière fougueuse qui borde notre village et nous apporte tous ces bienfaits

Un matin, comme à l’accoutumée Likita chanta sa chanson préférée pour le réveiller. 

 

 
 
 

Nous nous sommes rencontrés au cours d’une manifestation estudiantine. Dans la foule,  je ne sais trop comment, sa main se retrouva dans la mienne. Nous marchâmes ainsi longtemps, scandant nos paroles de contestation. De temps en temps, nos regards se croisaient. La brillance de nos pupilles, nos gestes simples, nous permettaient de pressentir une histoire naissante qui allait bouleverser nos vies. Des manifestations, nous en fîment régulièrement.  La vie était simple, douce à ses côtés. J’étais capable, dès qu’il ouvrait la bouche, de terminer quasiment sans erreur sa phrase. Etions-nous presque un ? Nous avons continué à manifester contre tout ce qui nous semblait  injuste.

 Le temps a passé, la vie aussi. Nous avons quitté notre petite chambre d’étudiant qui avait abrité nos amours et nous nous sommes  installés dans un grand studio, en plein centre de la capitale.

Quelques mois plus tard, il devint mon mari.  Nous avons fait une grande fête dans la maison de campagne des parents de mon amie Muriel. Avec un budget dérisoire, elle  décora la véranda en une somptueuse salle de réception chaleureuse. Cette fête était à la hauteur de nos espérances. Nous nous sommes régalés, le champagne coulait à flot, chaque personne était venue avec un magnum.  Le jardin abritait des tentes aux multiples couleurs. Nous y sommes restés tous les deux jusqu’à  la fin de la semaine. C’était un très bel endroit, non loin de la plage. Nous allions faire de grandes promenades, remplissions nos poumons d’air pur. Nous passions des heures entières à regarder les vagues mourir sur la falaise.  Hélas le temps n’est pas extensible, il fallut rentrer à Paris. A partir de ce moment, le temps a fui comme une étoile filante, les années aussi.

 

Extrait de "toMaux, mots de femmesrche humaine"maux, mots de femmes - 4ème

 

Mes petits bracelets en plastique multicolore ont enserré mes poignets comme des menottes. Le feu qui consumait mon corps, poursuivait sa course folle « grignotant » seconde après seconde, chaque centimètre de peau. Je finis par m’écrouler aux pieds de mon père, il m’enveloppa avec une couverture de coton imbibée d’eau.

Le voisin arriva à la rescousse, déversant sur moi du sable mouillé pour essayer d’éteindre la torche vivante que j’étais devenue. Mon corps cessa enfin de brûler, mais les flammes avaient méthodiquement ravagé tout mon être. Les hommes semblaient abattus, puis mon père se ressaisit, demanda au voisin d’aller chercher Tantra, le guérisseur qui, à cette heure-ci, devait faire la sieste.

Mes lèvres étaient scellées en une croûte dégoulinante comme pour me réduire au silence. Ma jolie peau couleur safran était à présent ébène et rose fluorescent. Je ne sais si, à ce moment, j’aurais pu être capable de décrire la douleur qui était la mienne.

Extrait de "C'est un ami"


J’entends enfin une voix sécurisante qui sélectionne chaque mot agissant comme un onguent apaisant. Cette empathie me transperce, je craque. Des flots de larmes s’échappent comme cette douche que j’ai prise juste après. Je n’arrive même pas à dire le mot, ce délit qui depuis quelques jours me place dans la case « victime ». Victime d’avoir fait confiance, de ne pas avoir su identifier ce monstre écœurant qui avait su cacher sa vraie nature derrière le masque d’un ami toujours prêt à répondre présent de jour comme de nuit. Disponible pour rendre n’importe quel service, même le plus incongru ! Mais comment ai-je pu me laisser berner de la sorte ? Moi qui lui racontais, presque sans pudeur, mes soucis, mes peines de cœur. Pour moi, le sexe n’avait pas de place entre nous. Il nous est même arrivé de dormir ensemble, après des soirées un peu arrosées. ...

 

Extrait de "Plus jamais cela !"

J’étais dans un état de semi-rêverie, mes yeux regardaient sans pouvoir se rassasier de ce spectacle que je qualifiais toujours d’unique, quand je fus violemment attrapée par les cheveux. Cette douleur indescriptible me fit hurler à me casser la voix. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Des larmes chaudes, salées roulaient sur mes joues enfantines. Je n’imaginais même pas que mon sort venait de basculer dans l’enfer. C’est le dernier souvenir de mon existence d’avant, de ma vie d’enfant. Mes mains furent ligotées, sans ménagement par des lianes serrées. Il en fut de même pour mes pieds nus. Mes vêtements furent déchirés laissant apparaître le galbe naissant de ma poitrine de jeune fille pubère. Au travers de mes yeux gonflés comme ces parasites que l’on trouve dans certains marigots, je vis, montés sur des chameaux, les Soldats du Néant. Je n’arrivais même pas à les compter, ils tournoyaient avec frénésie autour de moi comme des rapaces prêts à me sacrifier.